![Comment expliquer le D-Day aux enfants ? À la Ligue de l'enseignement, on essaye de leur faire comprendre que la paix est fragile.]()
Comment expliquer le D-Day aux enfants ? À la Ligue de l’enseignement, on essaye de leur faire comprendre que la paix est fragile. (©ML/Normandie-actu)
Le Débarquement et la Bataille de Normandie, avec ses milliers de morts, ne sont pas toujours évidents à aborder avec les enfants. Pour les animateurs du centre des Tamaris de la Ligue de l’enseignement à Asnelles (Calvados), c’est toute une stratégie pour attirer l’attention des bambins et leur faire comprendre ce qu’est la paix.
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« C’est impressionnant tous ces morts »
Une grande partie de l’année, le centre des Tamaris d’Asnelles accueille des classes découvertes de toute la France. Mercredi 15 mai 2019, c’est une classe de CM1 de Montville, près de Rouen (Seine-Maritime) qui visite les plages du Débarquement.
Après avoir rencontré un ancien résistant déporté, Bernard Duval, visité la batterie de Longues-sur-Mer, les 24 élèves enchaînent avec le cimetière américain de Colleville-sur-Mer, puis la Pointe du Hoc et le cimetière allemand de La Cambe. Un véritable emploi du temps de ministre.
Dans le dédale des tombes américaines, Gabrielle, 10 ans et Anaïs, neuf ans, semblent médusées : « C’est impressionnant tous ces morts », soufflent-elles. Après avoir circuler dans le gigantesque cimetière, appareils photos jetables en main, les 24 élèves se retrouvent face à la mer.
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Le témoignage d’un soldat américain
« Près de 1 500 soldats sont morts ou ont disparus sur cette plage, explique Valentin Dony, animateur à la Ligue de l’enseignement. Cette plage a été surnommée Bloody Omaha pour Omaha la sanglante. Il y avait tellement de sang que la mer n’était plus bleue mais rouge ! Vous vous rendez compte ? »
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Les enfants ont les yeux écarquillés. « Je vais vous lire le témoignage d’un soldat américain, Melvin B.Farrell, qui en parlera mieux que moi », poursuit l’animateur :
Tout cela semblait irréel, une sorte de rêve éveillé, les hommes criaient et mouraient tout autour de moi. […] Honnêtement, j’aurais pu marcher sur toute la longueur de la plage sans toucher le sol que les corps jonchaient.
« La guerre, c’est pas Fortnite, c’est la mort »
Dans leurs yeux d’enfants, on peut voir les émotions passer. De la surprise, de la tristesse et certainement bien d’autres choses encore. « Quand je vois la mer bleue là, je n’arrive pas à imaginer qu’elle était rouge, rouge de sang. Ça, non, je n’arrive pas à l’imaginer », assure Florent, du haut de ses neuf ans.
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Pour capter l’attention des enfants, Valentin Dony essaie de leur faire passer un maximum d’émotions. « Les dates, les noms, ce n’est pas le plus important. Par les témoignages, les descriptions, le ressenti, on essaie de leur procurer des émotions, c’est ce qui marche le mieux. »
Par le biais de cet itinéraire pour la paix, « on essaie de leur faire comprendre pourquoi la paix est fragile, que la guerre, c’est pas Fortnite, c’est la mort, c’est sanglant, c’est terrible. »
![Charlotte, Anaïs et Gabrielle, de gauche à droite, sont toutes trois passionnées par l'histoire.]()
Charlotte, Anaïs et Gabrielle, de gauche à droite, sont toutes trois passionnées par l’histoire. (©ML/Normandie-actu)
Ne pas avoir une vision binaire de la guerre
La dernière étape de leur journée, c’est la visite du cimetière allemand à La Cambe. « C’est un passage important. On ne veut pas que les enfants rentrent avec une vision binaire, les Américains sont des héros, les Allemands sont des méchants », souligne Stéphane Cauchois, l’enseignant de la classe de CM1 de Montville.
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Dans le cimetière allemand, les dates de naissance des soldats sont écrites, contrairement aux tombes du cimetière américain. « Je leur dis que certains n’avaient que 17 ou 18 ans, l’âge de leur grande sœur ou de leur grand frère. L’idée est qu’ils comprennent que beaucoup d’Allemands étaient très jeunes et n’étaient pas forcément pour Hitler », souligne Valentin Dony.
Après cette journée forte en émotions, les enfants vont pouvoir se détendre le temps d’un petit jeu sur la plage d’Asnelles, face aux caissons phoenix, les vestiges du port artificiel d’Arromanches.
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