![Séance houleuse lors de l'assemblée générale de l'AAPPMA de Gourdon.]()
Séance houleuse lors de l’assemblée générale de l’AAPPMA de Gourdon. (©Olivier Ageorges)
Le 4 octobre 2019 avait lieu une réunion de l’Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (APPMA) de Gourdon à la Cabane du pêcheur. Une réunion pour le moins très houleuse puisque c’était l’occasion pour président Serge Czaïka de poser sa démission. Incivilités, braconnage, menaces et agressions physiques,… la liste des infractions est longue et c’en est trop.
Le président en partance veut justifier auprès du bureau de l’association, des membres et bénévoles, mais aussi des élus et citoyens, sa décision de claquer la porte, en détaillant les raisons qui l’ont poussé à démissionner. Serge Czaïka au caractère entier certes, mais particulièrement impliqué et passionné, n’a pas le sentiment d’être entendu et désormais jette l’éponge.
Les explications de Serge Czaïka
Serge Czaïka : « Voilà déjà un an que je tire la sonnette d’alarme et depuis rien. On ne pourra pas venir me reprocher d’avoir bouffé du pognon, j’ai bloqué tous les alevinages pour l’année prochaine, mon successeur fera ce qu’il voudra. Tout le monde s’en fou, le problème n’est pas propre à la pêche, c’est partout pareil. Suite à une demande de ma part et accepté par la FD46, une réunion relative aux problèmes rencontrés par la police de la pêche s’est tenue au siège de la FD le 8 août 2019 de 9 h à 12 h. Présents, le président de la Fédération de pêche, le directeur, l’OMP, le trésorier fédéral et six gardes de pêches. Ont été débattus : les arrêtés préfectoraux pris annuellement en commission technique paritaire publiés et affichés en mairie et gendarmerie et qui ne sont pas respectés. Quelques exemples : un pêcheur contrôlé en action de pêche ne doit pas être systématiquement verbalisé. Un quota de prises fixé par arrêté préfectoral ; pas de PV. On est confronté à un braconnage intensif en 1er catégorie piscicole ; cordes ; nasses, filets avant les dates d’ouverture et en période de fermeture nationale. Pêche de nuit : un seul poisson concerné, la carpe. Les parcours autorisés sont obligatoirement de 2e catégorie piscicole et fixés par AP (arrêté fédéral). Un trafic de ces poissons monte en puissance. Il est connu de tous. Provoquant colère et indignation. Cette pratique s’étend désormais sur tous les plans d’eau du département même interdits. Que faut-il faire ? Ce trafic lucratif rapporte à ces braconniers des sommes astronomiques. Ces poissons valant de 120 à 10 000 € l’unité. Lors d’une tournée de surveillance rencontre de 2 individus, 16 cannes en action de pêche, des cordes attachées partout dans les arbres alentour, des nasses en bordure, visibles de la berge, des bourriches pleine de poissons ; non maillés pour la plupart. Une bourriche bourrée d’anguilles, poisson en voie de disparition soumis à déclaration sur carnet de capture. Interpellation, agression du garde au couteau, fuite des pêcheurs. 14 agrafes aux urgences de Gourdon et 10 jours de soins.
« La pêche associative de loisir, un des derniers sports passion de nature, est en danger ! »
La gendarmerie de Martel intervient, saisit tout le matériel et enregistre la plainte du garde. Incroyable ; n’y a-t-il pas d’urgence à intervenir ? Qu’en est-il ? Plan d’eau de Laumel à Gourdon ; le même jour en bande de 8 pêcheurs « Belge » sans permis. Rappel à la loi ; il faut être clément avec les touristes. Que vont penser les autres ?… Je ne peux citer l’ensemble des contrôles il y en a des centaines. Seulement, 26 interventions avec rappel à la loi, 22 PV aggravés pour menaces et insultes et ce depuis mars 2019, édifiant. Une garderie hyperefficace sur le secteur de Gourdon, complètement désavoué par la FD46. Un mécontentement général plus ma démission qui a entraîné d’autres démissions sur Gourdon, Souillac et St Sozy. Réaction fédérale nulle, du je-m’en-foutisme total. J’ai donc décidé de ne pas être un président d’association de 1 200 adhérents qui cautionne toutes ces exactions et ne peut apporter explications à tous ces délits. Des mesures urgentes s’imposent. La pêche associative de loisir, un des derniers sport passion de nature est en danger. Si rien n’est entrepris rapidement et avec force il y en a pour 10 ans. Dix ans, c’est demain matin. Dernière chose, le prix de la carte de pêche pour 2020 augmente de 4 €. J’ai rencontré le 4 avril 2019 M. le procureur de la République pour lui signaler tout cela. La gendarmerie de Souillac s’occupe du dossier pont SNCF de Mareil, pêche « au fusil harpon… pour la suite comment changer le problème, je vous le dire, ne prenait pas le permis de pêche car n’importe comment vous ne risquez rien, au pire ont vous obligera à le régler… Mme l’OMP ne veux pas que l’on verbalise, du social et encore du social. ».
La Vie Quercynoise : quel est votre point de vue sur cette situation ?
Roger Lesguevaques, garde pêche référent sur Gourdon : Cette situation n’est pas unique à Gourdon, c’est partout, seulement nous ne sommes que garde-pêche, nous faisons notre boulot à notre niveau après c’est à la justice de faire le reste… il y a des plaintes en gendarmerie, ce n’est pas à nous garde-pêche de suivre les dossiers… Au vu de la situation je suis sur le point de démissionner et il n’y aura plus de garde sur Gourdon. La situation est allée trop loin, pour moi c’est un règlement de compte entre le président et la fédération ; l’AAPPMA n’a rien à voir là-dedans. »
Wilfrid Joulet : « Je suis le fameux garde qui a été destitué de ses fonctions suite à ma démission refusée par le président de l’AAPPMA. La goutte qui a fait déborder le vase, c’est l’histoire de Mareil où le président de l’AAPPMA de Souillac a interdit à Gilles Mons garde-pêche sur le secteur de Souillac, qui a lui aussi démissionné à cause de cette histoire, de ne pas intervenir et donc de venir m’épauler. De ce fait l’opération mise en place avec la gendarmerie a capoté puisqu’il fallait deux gardes de chaque côté pour quadriller la zone. La gendarmerie quand on les appelle ils viennent en appuis pour sécuriser la zone et en ce qui concerne les infractions sur la pêche c’est au garde d’intervenir. Toutes les histoires plus grosses les unes que les autres sont réelles, il n’y a pas d’exagération, sur le braconnage, le trafic, les permis… »
Gilles Mons : « J’ai moi aussi démissionné car leur façon de voir les choses du point de vue de la fédération ne correspond pas à mon éthique de protection de la nature. Je comprends tout à fait la colère de M. Czaïka… Maintenant il n’y a quasiment plus de garde-pêche sur le secteur, c’est la porte ouverte à tout… Nous sommes des gardes bénévoles avec un défraiement pour l’essence. Nous sommes des gardes pour la passion de la nature et du milieu aquatique. »
OLIVIER AGEORGES
Mise au point. « Non ! la fédération de pêche du Lot ne favorise pas le braconnage ! »
Le Président, Les membres du Conseil d’administration, la Direction : « Non ! la fédération de pêche du Lot ne favorise pas le braconnage ! Le Conseil d’Administration de la Fédération du Lot pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, réuni ce samedi 28 septembre 2019 à Cahors souhaite apporter une réponse aux propos tenus par M. Czaïka, alors Président de l’AAPPMA de Gourdon, démissionnaire depuis le 27 septembre 2019. La Fédération du Lot a toujours œuvré en faveur d’une protection cohérente et efficace des espèces piscicoles, tout en affirmant une volonté de promouvoir le loisir pêche, notamment auprès du jeune public. En ce qui concerne le contrôle des pêcheurs et la lutte contre les infractions à la réglementation, la Fédération du Lot a dû faire face depuis une dizaine d’années à l’abandon de ces missions par les services de l’État (notamment Conseil Supérieur de la Pêche). La Fédération du Lot fut une des toutes premières de France à réagir à ce constat en assurant le recrutement, la formation initiale obligatoire (modules 1 et 3) ainsi qu’une formation continue annuelle, l’habillement et les démarches administratives en faveur de l’assermentation de près de 30 garde-pêches sur l’ensemble du territoire départemental. Ces personnes, toutes bénévoles, sont régulièrement présentes sur le terrain et jouent un rôle essentiel d’information et de prévention, le cas échéant de répression du braconnage. La Fédération remercie l’ensemble des garde-pêches du département pour le rôle essentiel qu’ils jouent sur notre territoire et auprès des pêcheurs. Ainsi, depuis plusieurs années, ce sont entre 2 000 et 4 500 pêcheurs qui sont contrôlés chaque année, pour une moyenne de 40 infractions relevées par an. Par exemple, en 2018, les AAPPMA du département du Lot comptent 12 993 adhérents, toutes cartes confondues. Il y a eu 4 482 contrôles pour 37 infractions relevées, essentiellement pour défaut de carte de pêche ou exercice de la pêche en dehors des horaires autorisés. Conformément à la législation en vigueur (article L 172-16 du Code de l’Environnement), les Procès-verbaux sont prioritairement et systématiquement adressés par le garde-pêche à M. le Procureur de la République, qui est l’autorité judiciaire compétente. Une copie des PV est également adressée à la Direction Départementale des Territoires du Lot. Enfin, conformément à l’article L 437-4 du Code de l’Environnement, une copie est également adressée au Président de la Fédération départementale. Le département compte aujourd’hui 25 garde-pêches assermentés et bénévoles. Pour rappel, sur les 13 000 pêcheurs ayant pris leur carte de pêche dans le département du Lot, 28 % ont moins de 18 ans, alors que les plus de 65 ans ne représentent que 15 % des adhérents. Les pratiquants sont de plus en plus jeunes, très spécialisés dans une technique et de plus en plus itinérants. Les actions de la Fédération ne se résument cependant pas à l’organisation de ces missions de contrôles, de nombreuses actions ont été menées à bien ces dernières années en partenariat avec les collectivités et institutions pour la valorisation du loisir pêche et la gestion responsable de notre patrimoine piscicole : – plus de 25 cales de mises à l’eau aménagées, installation de 27 pontons pour personnes à mobilité réduite, création de 7 parcours labellisés, mise en place de 14 parcours no-kill, plus de 15 annexes fluviales restaurées en frayères à brochets, plus de 60 pêches électriques d’inventaires, de suivi et de sauvegardes réalisées chaque année, plus de 2 000 enfants initiés à la pêche chaque année grâce aux ateliers pêche nature itinérants, une cinquante d’interventions pédagogiques en milieu scolaire avec le soutien de la Direction Départementale de l’Éducation Nationale, identification génétique des truites de souches sauvages et mise en œuvre d’une gestion patrimoniale avec les AAPPMA, gestion d’une pisciculture de truites de souche sélectionnée, en faveur du repeuplement des cours d’eau impactés par la sécheresse ou des plans d’eau conventionnés avec les collectivités locales. Chers pêcheurs, soyez assurés que votre Fédération met tout en œuvre pour une gestion responsable de la ressource piscicole. »