Cela se passe au lever du jour, lorsque les rideaux de fer des supermarchés sont encore fermés. Tous les matins, les Neufchâtelois assistent à un triste rituel. Les plus en difficultés des habitants et villages alentours font le tour des bennes à ordures des magasins pour récupérer un peu de nourriture.
« Il y a la queue devant la benne »
« Certains matins, il y a la queue devant la benne. Parfois, ils sont assez nerveux », témoigne un riverain, en face du magasin Aldi.
Glaner dans les champs
Mais les glaneurs ne font pas seulement le tour des grandes surfaces pour se nourrir. La récolte des pommes de terre est en train de se terminer et certains se précipitent dans les champs pour récolter plusieurs kilos de patates, histoire de passer l’hiver. A deux reprises, Françoise a dû glaner, alors qu’elle était institutrice. Cette habitante de Saint-Saëns se rendait dans les champs à la nuit tombée après la récolte et remplissait ses sacs. C’était il y a une dizaine d’années. Elle traversait un divorce compliqué avec deux enfants à l’université.
Je retournais mes poches pour trouver un peu d’argent. C’était patates, riz, pâtes tous les jours pendant plusieurs mois.
Aujourd’hui, Françoise est retraitée et n’a plus de problème d’argent. Elle s’est engagée aux Restos du cœur, comme bénévole. Elle sait ce que traversent ces gens dans le besoin et « je leur dis que l’on peut s’en sortir ».
Pour les Restos du cœur neufchâtelois, « 500 kilos par semaine en moyenne sont collectés ».

Au lieu de jeter fruits, légumes, pains, laitages…. à la poubelle, plusieurs magasins brayons les donnent à des associations caritatives. Les conditions de conservation des aliments sont ainsi respectées contrairement aux supermarchés qui jettent dans les poubelles et laissent ainsi les déchets à portée de main des glaneurs.
Les Restos du coeur neufchâtelois ont établi un « pacte » avec plusieurs grandes surfaces afin de récupérer « des produits qui ne peuvent plus être mis en rayon », souligne Jean-Jack Duvivier, président de l’association. Cinq jours par semaine (du lundi au vendredi), huit bénévoles se relaient pour participer à la collecte des dons des supermarchés. Le camion de l’association n’a pas le temps de refroidir. De 9 h à 12 h30, ils effectuent des navettes afin de charger puis décharger les invendus alimentaires.
« 500 kilos par semaine en moyenne sont collectés et on estime à environ 100 kilos les pertes liées à la date limite de consommation des produits ou date limite d’utilisation optimale », poursuit le responsable.
Les dons alimentaires sont ensuite gardés dans des chambres froides avant d’être redistribués aux Restos du cœur de Londinières et Saint-Saëns ainsi qu’aux bénéficiaires de la structure neufchâteloise.